Création entre la danse, les arts plastiques et la vidéo. A partir de l'optique et pratique écologique du recyclage d'anciens vêtements offerts par des gens, Danser les vieilles peaux (ou Dança cega ou Second Hand) est une performance qui donne lieu à une création d'un costume qui est activé par le mouvement.
Ce costume-objet est comme le non-objet et le trans-objet de Hélio Oiticica, où le costume/oeuvre d'art est activé/actionné par le mouvement, par le performeur et par la performance, créant un objet d'art vivant. Ainsi, le mouvement et le sens de l'oeuvre naissent de l'intérieur vers l'extérieur, et non de l'extérieur vers l'intérieur. Le performer et l'objet font corps ensemble.
Comme un derviche tourneur, le mouvement ici est minimaliste et répétitif. C'est une recherche de l'immobilité apparente, de la transe dans le mouvement constant, pour avoir la sensation interne que c'est le monde qui tourne autour, et se retrouver ainsi dans le repos et la non-action. Et c'est dans cette non-action que tout le mouvement devient interne, comme dans un tourbillon, dans lequel le centre, l'oeil du tourbillon, est le repos et le silence.
Cette performance s'approche visuellement d'Obaluaiê ou Omolú, orixá de la terre, de la maladie et de la guérison. Issus de la religion Yoruba et polythéistes car possédant plusieurs Orixás, le candomblé et l'umbanda ont comme rite principal le culte de (et la relation avec) la nature, ce que les rend également essentiellement écologiques. Les Orixás ont tous une personnalité et une corporalité propres, se manifestent avec des chants et danses spécifiques, et sont des archétypes possédant une fonction et une activité singulières toujours en rapport avec des phénomènes de la nature, tels que les eaux, le vent, la forêt, etc. Les individus sont donc liés à un certain Orixá qui les représentent et avec lequel ils s'identifient, ce qui peut déterminer ainsi un certain rapport avec la nature et le monde. L'origine des Orixás est la fragmentation de la pensée créative qui, mise en rapport, donnerait la création d'une cosmogonie.
Cette performance immersive répond au besoin d’un nouveau mode de compréhension empirique de connaissance. L’oeuvre-résultat est un processus d’embodiment, de l'incarnation et traduction incorporées de l’expérience de terrain, car le sujet percevant les pratiquants des cultes autour des Orixás est, ici, l’artiste corporel.
Performance de Biño Sauitzvy
Costume: Lika Guillemot
Premier volet au *Reliefs Cassenti Tea-Party* de Sarah Cassenti, au Générateur. Musique de Jeffrey Louis-Reed.
Second volet: Forêt deFontainebleau.
Création 2018.
Texte: Biño Sauitzvy (Robinson Sawitzki)