je ne suis...

JE NE SUIS PLUS

UNE PAGE BLANCHE

Je ne suis plus une page blanche est une performance en studio, sans spectateur, conçue pour être enregistrée sur photo et sur vidéo. Il s’agit d’une cérémonie, d’un rite de passage qui marque mes quarante ans. Pour cela, j’ai invité la plasticienne Lika Guillemot à créer des dessins qu’elle reproduit ensuite sur ma peau, en la recouvrant entièrement, comme un tatouage intégral. À la manière du body art, mon corps devient ainsi son œuvre d’art sur laquelle la peinture prend vie et est destinée à disparaître. Plutôt que subir un rite social de commémoration de la quarantaine et sa symbolique, j’ai voulu que mon corps soit recréé en proposant ma peau comme toile de peintre.


C’est une façon pour moi de réinventer des rites qui me soient propres en invitant des artistes avec qui je collabore et constitue mon œuvre, en leur donnant la parole et en accueillant sur ma peau leurs gestes créatifs, car le "je" est constitué par les autres. Par cette action j’atteste que mon corps est chargé et composé par l’existence des autres.


Cette performance body-painting rend ainsi visible sur ma peau ce qui est à l'intérieur et non visible, c'est-à-dire les organes internes, ses rizhomes et arborescences, tout un écosystème qui nous compose, transformant ainsi mon corps en un corps-paysage, en une géographie. Mais les desseins le transforment aussi dans un être hybride, une chimère, dans le sens d'un organisme possédant des cellules d'origines génétiques différentes.


Cette performance termine avec un mot d'ordre inscrit sur mes mains, ce qui annonce un nouveau devenir lié à un désir non anthropocentrique. 


Concept et performance : Biño Sauitzvy.

Peinture : Lika Guillemot.
Vidéo : Antony Hickling.
Photo : Lucile Adam. 

Performance réalisée au 100 – Établissement Culturel Solidaire de Paris, au mois de mai 2014. 


Texte: Biño Sauitzvy (Robinson Sawitzki)

https://www.theses.fr/2016PA080114